Le combat de Saucats
Crédit photo : Matthieu Lecouvey – Initial Ingénierie
Création du maquis
C’est le lycée Montaigne, cours Victor Hugo, à Bordeaux, qui sert de lieu de rencontre et de recrutement aux membres de ce Maquis. Ainsi, un groupe de copains, dans ce climat de répression, de privations et de peurs, recherchent un engagement armé pour contribuer à la victoire des alliés. A Bordeaux, ces jeunes préparent leur organisation à la clandestinité. Après la fermeture du lycée, le 31 mai 1944, ils s’entraînent pour des missions de sabotage et au maniement des armes. Le recrutement se fait essentiellement parmi les élèves des classes préparatoires à Saint-Cyr et à l’École Nationale de la France d’Outre-Mer.
En avril, François Mossé arrive à Bordeaux après des années de résistance dans le Vercors. Il est accompagné de son cousin Jacques Glotz. Ces deux parisiens sont expérimentés dans la lutte armée et l’organisation secrète. Pour cela, Mossé doit constituer un réseau de jeunes cadres dans la banlieue bordelaise. A cette fin, il entre en contact avec Jean Dietlin qui, lui, est bien implanté à Bordeaux. Ce dernier peut compter sur les élèves de Montaigne. Ils se complètent et François Mossé prend la tête du maquis.
Le départ est fixé au 15 juin. C’est par groupe de deux, soit en vélo, soit en camion avec armes et munitions, qu’ils rejoignent leur premier cantonnement. Ils choisissent une cabane de charbonniers à Douence, sur la commune de Saint Magne (33). Celle-ci se trouve à coté de la ferme des Cazenave, acquis à leur cause et toujours prêts à les aider. Cependant ce site est trop exigu, et le dimanche 18 juin, ils déménagent pour un campement plus isolé dans la lande.
L’installation nécessite des terrassements, la construction de cabanes. Mais voilà, ils apprennent qu’ils ont été repérés et doivent à nouveau déménager. C’est ainsi que le mercredi 26 juin 1944 ils optent pour la ferme de Richemont. Cette dernière est située à deux kilomètres de Saucats, dans un cadre boisé, loin des axes routiers. Cette ferme abandonnée, en mauvais état, comprend une grange, un puit et une maison. Elle est constituée de deux corps dont un à deux pièces surmonté d’un grenier et l’autre de trois pièces en rez-de-chaussée. Mais il faut noter le manque de porte de communication entre ces deux bâtiments.
A la ferme, la vie s’organise avec une rigueur militaire: entraînement quotidien, levée des couleurs, théorie sur les armes, tours de garde. En même temps que cet enseignement, s’exécutent des travaux de terrassement pour des tranchées. Ces dernières sont destinées à la circulation abritée entre les postes du camp où à une éventuelle fuite protégée.
D’autre part, le ravitaillement devient très difficile malgré la bienveillance de certains voisins. Le 13 juillet 1944, l’un d’entre eux rapporte à la ferme un quartier de vache qu’il avait dépecée. Malgré cela, des actions militaires sont préparées : sabotage de la ligne ferroviaire Toulouse-Bordeaux, coup de main sur un centre de distribution de cartes de ravitaillement dans le quartier des Capucins, sabotage de la centrale électrique de Cenon.
Mais surtout ils attendent le message de Londres qui les informera du parachutage des armes. Sa diffusion passe sur les ondes de la BBC : » la panthère est enrhumée puis le coucou chante en mai » . Ils ne l’entendront jamais, l’anéantissement du maquis s’étant déroulé le 14 juillet 1944.
Prémice du combat
Ce vendredi 14 juillet 1944, jour de fête nationale, le petit village de Saucats, noyé dans la lande girondine à 20 km de Bordeaux, était calme. La ferme abandonnée de Richemont, avant – poste du maquis, allait devenir le théâtre du drame sanglant d’un des nombreux combats héroïques de la résistance. Ce jour-là, rien ne laissait présager l’orage de fer et de feu qui allait s’abattre sur le territoire de cette modeste commune où il faisait si bon vivre quelques heures plus tôt.
Chacun, en cette matinée ensoleillée, vaquait à ses occupations matinales, qui, allait chercher sa miche de pain, qui, préparait le bois pour faire cuire les patates, quelques gamins préparaient leurs cannes à pêche pour descendre au ruisseau du bourg. c’était le quotidien d’un village sous l’occupation allemande. Pourtant, vers 7h du matin, en ce jour du 14 juillet 1944, les plus matinaux aperçurent deux autocars traversant le village par la rue principale. L’un, chargé de miliciens, l’autre de soldats allemands, prirent deux directions différentes. Pour l’heure, rien de très anormal puisqu’il y avait de temps à autre, des manœuvres de soldats allemands dans le secteur.
Sauf que les directions prise par les deux véhicules ne laissaient présager rien de bon, car elles s’orientaient vers le campement des jeunes maquisards, installés dans la ferme de Richemont, située à 2 km au sud du bourg, vers Saint Magne.
Ce jour-là, ils étaient 15 jeunes âgés de 17 à 23 ans, élèves ou anciens élèves du lycée Michel Montaigne de Bordeaux. Ils représentaient l’élite des classes de Saint-Cyr, de la Coloniale, quelques-uns étudiants encore, et trois nord africains évadés ou anciens prisonniers, complétaient l’effectif. Leur chef, MOSSE, était un brillant officier venu du maquis du Vercors (Isère/Drome) et ses compagnons tous brillants, pleins d’ardeur et de vie, de patriotisme et d’espoir. Tous plus motivés les uns que les autres à servir et défendre leur pays, la France.
En ce matin du 14 juillet 1944 l’effectif du groupe, qui, au complet, comptait 24 hommes, n’était composé que de 15 maquisards. Certains étaient en tournée de ravitaillement, d’autres en recherche de véhicules, d’autres encore en repérage sur Langon, ou encore en liaison sur Bordeaux. La veille au soir 13 juillet, l’un des maquisards, le jeune HOSTEINS avait quitté le campement pour motif personnel.
Leur armement était des plus légers car ils attendaient pour le lendemain un parachutage d’armes. Douze d’entre eux possédaient une mitraillette anglaise Sten munie de deux chargeurs, soit 50 balles par combattant, et une caisse de grenades pour le groupe.
Le combat
La garde du campement était assurée et relevée toutes les quatre heures. Ce matin-là, Milliani remplaçait à la garde Béguerie qui préparait le petit déjeuner car ils avaient décidé de se lever plus tard et de hisser les couleurs nationales au mât qui se trouvait sur le côté de la ferme.
Entre-temps les occupants des deux autobus s’installèrent en position de combat en formant un mouvement de tenaille autour de la ferme. Les miliciens arrivant par le Nord-Ouest (coté de Saint Magne) et les allemands par l’Est (côté du Barp).
À 8h05 Béguerie sortit pour aller chercher de l’eau au puits, Driss et Milliani était occupés à l’intérieur. Soudain des craquements de branches brisées se font entendre venant du petit bois situé au nord-ouest de la ferme. Driss pris aussitôt une mitraillette et sortit. Il n’avait pas couru 50 m que les balles crépitèrent de partout ! Béguerie rentra précipitamment et vit Milliani qui n’avait pas d’arme s’enfuir par la fenêtre.
Aussitôt le combat sauvage s’engagea féroce et acharné dès le début.
Réveillé par le bruit le lieutenant Mossé apparu demandant » que se passe-t-il ? « on lui répondu : » les boches mon lieutenant ! » il voulut se rendre compte de la situation, s’approcha de la porte et reçu une rafale en pleine poitrine. Il s’écroula contre la cheminée et mourut sans avoir prononcé une parole. Alors c’est le branle-bas général au milieu des impacts sourds et des sifflements de balles est des cris des premiers blessés.
Mais dans la ferme la résistance s’organise tant bien que mal. Tout le monde a compris, ils vivent leurs derniers moments de camaraderie armée. La lutte est acharnée mais très inégale de part le nombre des assaillants et la qualité des armes. Les mitraillettes suffisent à peine à sécuriser les abords de la ferme. Le combat se durcit mais malgré tous leurs efforts les assaillants miliciens et allemands, beaucoup mieux armés, ne peuvent avoir raison de cette poignée de jeunes héros animés d’un courage hors du commun et ne lâchant rien malgré la baisse rapide du stock de munitions. Pendant cette phase deux combattants réussissent à s’enfuir. Vers 11h du matin, après trois heures d’un combat terrible, ne pouvant briser la résistance des défenseurs, les Allemands décident d’en finir et font appel à un canon de gros calibre, amené depuis le parc du château de Montesquieu à La Brède.
Aussitôt, il fut mis en batterie à tir direct, pour tir à vue sur la ferme. Le tir se déclenche mais les trois premiers obus ratent leur cible. Le quatrième percute la ferme et l’endommage gravement, faisant les premières victimes, blessés et morts. À l’intérieur, tous avaient compris. La fin était proche. Alors, faisant preuve d’une témérité et d’un courage surhumains, les survivants menés par Picon, tentent une sortie frontale, face aux assaillants, mais ils se firent immédiatement faucher par les balles ennemies. Le combat cessa, les blessés furent tous sauvagement achevés par les miliciens, y compris ROUIN dit » le toubib » qui tentait encore malgré tout, de soigner les blessures de ses camarades de combat.
FIN DES TIRS HALTE AUX FEUX
A la suite du carnage, la horde des attaquants repartit, emmenant avec elle BOURON, un membre du réseau qui venait le ravitailler, et un jeune forestier d’Italie, MORETTO, totalement étranger à l’action. Tous deux furent fusillés plus tard au camps de Souge, BOURON , après avoir été atrocement torturé.
Hommage aux jeunes héros
À la suite de ce combat, le chef milicien passa à la mairie de Saucats et cyniquement lança à l’adresse du maire l’invective d’aller enterrer les morts, lui ayant fait son boulot, lui n’ayant plus qu’à faire le sien ! Cet ordre devait être rapidement annulé par les Allemands qui interdirent toute approche des lieux du combat et désignèrent aussitôt des otages. La situation fut sauvée in extremis par l’intervention d’un officier allemand commandant une compagnie sanitaire basée à Saucats .
Les Allemands interdisant l’inhumation des corps au cimetière, certains hommes déterminés de la commune se rendirent en groupe sur les lieux du combat. Les corps furent alignés, et l es gendarmes tentèrent d’établir les signalements le plus exactement possible afin d’identifier les corps, tâche rendue très difficile par l’absence de papiers d’identité brûlés pendant le combat et les effets personnels pillés par les miliciens.
Le lendemain il fut décidé de confectionner des cercueils contrairement aux ordres de l’occupant. Vers 4 heures de l’après-midi, tout fut prêt, la fosse commune creusée et les corps mis côte à côte dans le plus grand recueillement, lentement, dans ce sol même sur lequel les jeunes combattant avaient versé leur sang.
L’émotion de l’assistance fut à son comble, les hommes se découvrirent à côté des femmes en larmes, tandis que les gendarmes rendaient les honneurs. Une minute de silence fut observée, ultime hommage rendu à ces jeunes français morts en héros, unis dans la mort comme dans le combat. Ils avaient défendu leur idéal, leur patrie, montrant l’âme de la vraie France, sans faillir à la devise de Bournazel qu’ils avaient faite leur et adoptée : « mon âme à Dieu, mon corps à la France, mon honneur à moi »
Ce n’est qu’en avril 1945 que les corps furent rendus aux familles après une émouvante cérémonie à la faculté des lettres de Bordeaux.
L’après-midi à Saucats ; tout est fini. Le maquis de Richemont n’existe plus. 12 corps sont éparpillés ça et là et un autre est emmené au fort du Hâ :
Trois s’en sont sortis : Philippe Béguerie, après maintes péripéties, rejoindra un autre réseau de résistance, participera à la libération de Toulouse et rentrera dans les ordres en 1947. Il est le seul à avoir pu raconter en détail le combat. Il s’est éteint le 3 mai 2017.
Driss ben Milou et Milliani ben Mekki ont réussi à s’échapper et ont disparu.
Certains étaient en permission ou en mission ce jour-là, le hasard a voulu qu’ils survivent. Pierre RICOU, arrivé sur les lieux le surlendemain, les bras chargés de vivres a découvert les tombes de ses amis et s’est fondu dans la clandestinité. Il a continué de servir dans les Forces Françaises de l’intérieur jusqu’en octobre 1944. Il a ensuite intégré l’Ecole de la France d’Outre-Mer et a continué de servir son pays en tant qu’administrateur civil puis dans le corps préfectoral. Il s’est éteint le 30 novembre 2020. Jean DIETLIN, frère aîné de Daniel, qui fêtait son anniversaire à Bordeaux ce jour-là, rejoindra l’armée et fera partie de la promotion 1944, « Rome et Strasbourg » de l’école spéciale militaire repliée à Cherchell. Titulaire de la croix de guerre 39/45, il s’est éteint le 12 mai 1952.
Pierre BOURDON dit Bâton s’est fondu dans la clandestinité ainsi que : Henri CHANRION dit Toto, ERNEST et ABDA ALLAH
Les 13 jeunes héros du maquis de Saucats morts pour la France
Lieutenant François Mossé (Noël) – Mort au combat
François est né à Paris en 1921 de Jules, Moïse Mossé avocat né à Tunis et de Simone Adélaïde Gelbmann d’origine polonaise. En 1940 il fait des études de droit et sciences politiques. A cause de sa confession, il entre très tôt en résistance en gagnant la France libre, à Lyon en décembre 1940. Arrêté en 1941 il passe 4 mois en prison.
En 1942 il est nommé sous-lieutenant à Nice. En hiver 43-44 on le retrouve en Maurienne et Vercors avec le grade de lieutenant. Après les événements tragiques d’octobre 43, on perd sa trace jusqu’au printemps 44. Il est l’adjoint au chef régional du maquis Antoine. Il est envoyé dans le Sud-Ouest pour former un réseau de cadres au sein de l’ ORA. Il arrive à Bordeaux début mai et y est rejoint par son cousin Jacques Glotz. Il porte le surnom de Denis puis de Noël. Il devient le chef d’un petit groupe d’étudiants issus pour la plupart du
lycée Michel Montaigne ( classes préparatoires St-Cyr et la France
d’outremer). Il accomplit plusieurs missions et crée mi-juin au Sud de Bordeaux sur la commune de Saucats un maquis qui par dénonciation est anéanti le 14 juillet 1944.
Son plan était de créer un maquis de 300 ou 400 jeunes dans les environs de Bordeaux. La première étape était d’en créer les futurs cadres. Jeune, courageux, Noël était un excellent camarade et un chef ardent. Il sera un des premiers à tomber sous les balles ennemies ce 14 juillet.
Lucien Anère (Lulu) – Mort au combat –
Né à Bordeaux le 12 mars 1924, il rentre au lycée Montaigne en 1935, passe son bac et prépare ensuite le concours d’entrée à l’École nationale de la France d’outre-mer. Il est reçu 17 ème. Son avenir semble assuré mais il veut aussi donner un sens à sa vie , agir au profit de tous en ne se résignant pas face à l’humiliation de son pays Lorsque le débarquement allié survient, il rejoint le maquis de Saucats en chargeant son père d’annoncer sa décision à sa famille. Il va accomplir pleinement son devoir de Français et de chrétien en combattant ouvertement. Ses camarades lui reconnaissaient une grande âme, une belle intelligence, un cœur bon et sincère et étaient fiers de combattre à ses côtés. A court de munitions après trois heures de combat, il tentera avec eux une sortie qui s’avérera fatale.
Pierre Bouron (Bougie) – Mort au Combat –
Né le 1er décembre 1925 , privé de son père, disparu en service commandé, dès 14 ans, il manifeste très tôt sa vocation militaire et son désir de consacrer sa vie au service de la France et de ses colonies où il avait longtemps vécu. Son éducation et ses efforts personnels en eût fait à coup sûr un officier d’une haute conscience professionnelle prêt au sacrifice.
Bachelier à 16 ans, il veut préparer le concours d’entrée à St Cyr mais la prépa ayant été dissoute par les allemands, il entreprend cette préparation au sein de la classe HEC . Il sera admissible.
Galvanisé par le débarquement allié, il décide avec ses camarades de prendre le maquis et après une courte visite à sa mère rejoint Saucats. Lorsqu’il est arrêté sur la route conduit au Fort du Hâ où sa conduite force l’admiration de ses compagnons. Torturé, martyrisé, il ne lâchera rien et ne se soumettra pas. Condamné à mort, il sera fusillé le 29 juillet au camp de Souges sans avoir pu donner toute la mesure de ses ambitions.
Jean-Claude Bruneau (Chérubin) – Mort au combat –
Né à Bordeaux le 14 février 1925, Jean-Claude n’a jamais quitté sa ville natale. Bachelier en 1943, il décide de faire médecine et veut devenir chirurgien. Il est reçu au concours concluant l’année préparatoire avec un bon classement mais n’en aura jamais connaissance. Épris de liberté, il souffre beaucoup de la présence des allemands et de leurs contraintes. Peu expansif tout en étant joyeux et malicieux, il partit sans avoir expliqué à ses parents les raisons de son engagement.
Très apprécié de ses camarades de par son entrain et sa joie de vivre, il leu apportera sa vaillance, sa bonne volonté et le désir ardent de servir la France Il tombera sous les coups de l’ennemi qui, à son sens, lui contestait le droit de faire son devoir.
Guy Célérier (Guy) – Mort au combat –
Né le 29 janvier 1927 à Bordeaux, Guy est d’une famille originaire du bassin d’Arcachon. Après le collège de Biganos, il poursuit ses études au lycée Montaigne à Bordeaux. Doux et aimable, il manifeste depuis toujours une volonté tenace qui le conduit à ne jamais se détourner du but qu’il se fixe. La disparition de son père, mort au combat quelque part en France et l’engagement de sa mère dans les services de la Croix rouge puis au sein de la résistance vont marquer le jeune homme et le conforter dans sa détermination de se donner pour la grande cause. Lorsqu’il se présente au lieutenant pour se joindre à eux, celui-ci hésite vu son âge. Mais son enthousiasme va convaincre Denis qui lui imposera cependant de ne pas quitter le groupe pour quelque raison que ce soit. Il obéira, sachant clairement les souffrances qui allaient en découler et se battra jusqu’au bout comme ses aînés en versant son sang sur la terre de France pour laquelle il avait désiré donner le meilleur de lui-même..
Daniel Dietlin (Dany) – Mort au combat –
Frère cadet de Jean Dietlin, Daniel est né lui aussi à Conakry le 25 décembre 1924 . Il va rester en Guinée jusqu’à l’âge de 6 ans. rentré en France il entre au lycée Montaigne à 10 ans en 6ème. Il va y faire toutes ses études jusqu’au baccalauréat de philosophie en 1941. Parallèlement à sa vie scolaire il s’investit dans le scoutisme qui va lui donner rigueur, discipline et maîtrise de soi. Loyal et exigeant, il se jugeait très sévèrement mais s’abstenait de juger les autres. Son vœu était de devenir officier méhariste mais, pas doué pour les mathématiques pour rentrer à St-Cyr, il s’oriente plutôt vers l’École nationale de la France d’outre-mer où il sera reçu vingtième et se prépare à une carrière d’administrateur colonial comme son père dont la mort l’à profondément marqué. En ces temps troublés, il s’interroge sur l’attitude à avoir face aux évènements. Son frère est agent de renseignement pour les Alliés et il pourrait le rejoindre dans la clandestinité mais ce moyen de servir n’est pas suffisant pour lui. Il recherche plutôt une lutte ouverte, au grand jour. La création du maquis de Saucats va lui donner l’occasion de combattre les armes à la main, face à l’ennemi et il part donc avec son frère rejoindre des camarades du lycée Montaigne eux aussi impliqués dans la lutte. Jusqu’au jour fatal, il participera avec intérêt aux séances d’instruction et aux discussions, philosophiques, politiques ou religieuses au sein du groupe.
Ce 14 juillet , il réalise vite le danger et par égard pour les siens, il brûle tous ses papiers avant de partir au combat. Le lieutenant tué, il continue de se battre et, ses munitions épuisées, tentera de sortir mais sera vite abattu. Tous ceux qui l’ont connu gardent le souvenir d’un excellent fils, d’un frère aimable, d’un bon chrétien, d’un agréable camarade et d’un vrai fils de France.
Jacques Glötz (Rivière) – Mort au combat –
Né le 10 février 1923 à paris , Jacques lit pendant toute son enfance tout ce qui se rattache à l’histoire et à la Marine. Devenu très cultivé pour son âge, il décide de préparer le concours d’entrée à l’Ecole navale au lycée Henri IV. Mais en 1940, il part à Grenoble puis à Lyon poursuivre ses études. Dans les deux lycées il va s’initier à la résistance et sera chassé de ces établissements pour propagande.
Il s’engage alors aux Chantiers de jeunesse et aide au recrutement des patriotes. Chassé pour raisons raciales, il rejoint ses parents en Touraine et cherche à gagner l’Algérie ou l’Angleterre mais sans succès. Dès lors il va œuvrer au sein du réseau Ophélia pour l’organisation des missions Lysander pour lesquelles il prépare les terrains, les transports de documents et de personnes pour le compte du BCRA. Discret mais efficace il ne soufflera mot de ses activités pendant ces deux années. Après l’arrestation de son chef, il perd tout contact et rallie alors l’ORA et part pour la région Aquitaine (B1) et arrive à Bordeaux avec son cousin François Mossé qu’il accompagnait dans des missions de sabotage et de renseignement.
Étudiant lui même, il a exercé une forte influence sur les élèves des lycées de Bordeaux et les étudiants des facultés, contactant plus de 300 d’entre eux durant ses trois mois de présence.
Avec son cousin qui allait en prendre le commandement, il va être à l’origine de la création du Maquis de Douence qui se fixera ultérieurement à Saucats où il trouvera la mort le 14 juillet 1944.
Christian Huault (Christian) – Mort au combat
Enfant doux, bon et aimant, Christian voit le jour en Touraine le 4 mai 1922 à Villaines les rochers. Heureux d’apprendre et de servir Dieu, il va obtenir son certificat d’études avant qu’une grave maladie ne manque de le terrasser à 12 ans. D’un grand courage , il supportera le choc et se rétablira faisant l’admiration des sœurs qui le soignaient. Revenu de Chinon où il était élève au collège, il se morfond d’être inactif et de ne point se battre et se prépare à un engagement au 2ème RA de Grenoble. Mais il est appelé par l’organisation Todt et, conducteur d’une camionnette, effectue de nombreux trajets entre St Jean de luz et Bordeaux. Là, il va se lier avec un groupe de résistance mais le cache à sa mère en l’assurant toutefois qu’elle n’aurait jamais à rougir de son fils. Il s’évade de chez Todt, est porté déserteur et condamné à mort par contumace. Il s’en va, abandonnant les siens pour ne se consacrer qu’à la France; à la grâce de Dieu écrit-il à sa famille. D’un patriotisme froidement résolu et acceptant la mort d’une façon calme et consciente il répondit à une dame qui tentait de le retenir : « …depuis longtemps j’ai fait le sacrifice de ma vie » Après s’être vaillamment battu il a tenté en compagnie de Taillefer et de Rouin qui soignait leurs blessures, de gagner le sentier derrière la ferme mais ils ont été rejoints par les assaillants qui les ont alors achevés.
Roger Hurteau (Pacha) – Mort au combat –
Né à Alep (Syrie) le 2 septembre 1923 « Pacha » portait ce surnom depuis son enfance car, bébé joufflu, il ressemblait à l’image qu’on se fait d’un pacha. Ayant vécu à la campagne ses dix premières années, il s’intéresse à tout ce qui vit dans la nature, plantes et animaux, et aime par dessus tout la vie libre des bois. C’est un garçon plein de vie, heureux, gai, loyal et franc. Lorsque la guerre éclate, il désire s’engager dans la marine comme technicien mais ne peut réaliser son rêve car il n’a que seize ans. Pour ne pas être à la charge de sa mère, restée seule, il travaille chez un constructeur de bateaux à Lormont et, profitant de sa liberté d’accès au port, il renseigne déjà les résistants sur l’activité des allemands. Au contraire de son ami Jacques qui s’est enrôlé dans la Milice il veut servir sa patrie dans l’honneur avec les vrais français, les résistants et il se donne alors à fond à sa tâche secrète. Il s’est lié peu à peu avec Rouin et Anère qui le préviennent qu’un maquis se forme. C’est plein d’espoir qu’il les rejoint car il voit dans cette opportunité la possibilité de servir en vivant de plus au grand air. Il accepte joyeusement la discipline du groupe et ce 14 juillet il se bat vaillamment dans un combat inégal et tombera avec honneur.
Michel Picon (d’Harcourt) – Mort au combat –
Michel naît à Mayence (Allemagne) le 15 janvier 1924. Dernier d’une famille de cinq enfants. de par le métier de son père , chef de bataillon à l’Etat-major de l’Armée du Rhin, il va être amené à fréquenter divers lycées dans plusieurs garnisons. En 1941 il passe avec succès son baccalauréat de philosophie puis, comme pensionnaire au lycée Montaigne, obtenir celui de mathématiques. Il veut embrasser la carrière d’officier comme son père et intègre la classe d’ HEC où a été réfugiée la Corniche, classe préparatoire à Saint-Cyr. Il est enchanté de son choix et prend une allure militaire qui lui convient tout à fait. Attaché aux traditions, il consulte souvent son père au sujet de leurs origines ou de leur signification. Peu à peu , il va s’impliquer dans des activités clandestines de renseignement en pénétrant dans la base sous-marine ou dans le camp d’aviation de Mérignac pour y repérer des emplacement de DCA. Dés le début de 1944, il exprime son désir de rejoindre le maquis en arguant que si ceux qui veulent devenir officiers ne se battent pas, qui le fera ? Le 15 juin, il part, triste mais résolu, en ayant pleinement accepté le sacrifice de sa vie. L’un de ses amis disait de lui à l’annonce de sa mort : « Je suis sûr qu’il aurait fait un officier de grande valeur ; je crois que de tout temps, il avait donné sa vie à la France avec l’élan de ceux qui ont un idéal. Il avait le culte de la Patrie au plus haut degré, ainsi d’ailleurs que l’amour des vertus militaires. J’aimais beaucoup en lui son désintéressement total et son dévouement absolu à ses amis. En un mot, c’était un vrai français. » Il est mort dans le respect des valeurs qui ont conduit sa vie.
Jacques Rouin (Dunablat ou Toubib) – Mort au combat –
Fils cadet d’une mère durement éprouvée par la guerre puisqu’après son mari, Georges, mort en mai 1940, c’est son fils aîné, Marcel, polytechnicien, sorti premier de l’école d’artillerie, qui tombe au champ d’honneur en Belgique le 22 mai 1940 à Blaregnies.
Jacques avait donc de qui tenir, et ce jeune garçon, né le 13 juin 1922, savait le devoir qui lui incombait; tout ce qu’il fit, c’est avec l’idée de suivre l’exemple de son frère Marcel. Il avait fait toutes ses études au Lycée Michel Montaigne jusqu’en 1940. Il engageait sa voie dans la médecine et il avait pour ambition d’entrer à Santé Navale.
Cette vocation lui convenait parfaitement, car il aimait se dévouer et se dépenser pour ses semblables. La Défense passive fut pour lui, tout d’abord, un des moyens de servir et de soulager; qualités qui lui venaient peut-être de sa grande ferveur religieuse; cette volonté de payer de sa personne, ce besoin d’affectation effective et utile qu’il sentait en lui, il les satisfaisait également en allant avec le père Galier dans les quartiers de Lormont et de Cenon visiter les malheureux.
Les évènements de 1940 firent une très vive impression sur lui, et dans les premières semaines de l’occupation, il passa très rapidement de la mentalité d’un adolescent à celle d’un homme mûri par la peine et la volonté de faire son devoir. Mais il trouve enfin l’occasion de participer activement à la Libération.
Il rejoint la Résistance et, en juin 1944, s’installe avec ses camarades à Richemont. Mossé, Anère et lui viennent le lundi 10 juillet déjeuner chez Mme Rouin, car la demeure maternelle était leur « point de chute » préféré. Ils étaient enthousiastes: le 14, ils allaient recevoir recevoir des parachutages et, à plus de quarante, ils devaient partir ailleurs et lutter.
Hélas! le matin du 14, il tombe, blessé, achevé dans un sentier près de la ferme, alors qu’il était en train de panser Huault et Taillefer.
Ainsi, jusqu’au bout, ce garçon ardent et bon a montré qu’il était voué à soigner et soulager même au milieu des pires dangers. Sa mort doit rester un modèle pour tous ceux qui se pencheront sur les misères et les souffrances. Jacques Rouin fut un jeune homme tout simple, tout humain et c’est en cela qu’il est grand.
Roger Sabaté (Corbin) – Mort au combat –
C’est à Masparraute au Pays basque que naît Roger le 28 juin 1945 et il va rester dans ce petit village jusqu’à son entrée au lycée de Bayonne. Elève assidu et appliqué , il passe avec succès le concours des bourses, et réussit la première partie du baccalauréat en 1942 puis, l’année suivante à Bordeaux au lycée Montaigne, le bac math-élem. Épris d’idéal et soucieux de le partager avec ceux qui l’entourent, c’est tout naturellement que son destin le conduit à s’inscrire en classe préparatoire à Saint Cyr, interdite par les allemands mais vivant toujours sous le couvert d’HEC. En mai 1944 il réussit le concours mais n’en connaîtra jamais le résultat.
Avec son ami de corniche Michel Picon il entre dans la résistance en octobre 1943 et ils se livrent à des missions périlleuses en guidant le bombardement de l’aviation alliée. Avec une tranquille assurance et une audace extraordinaire il pénètre dans des zones sensibles et bien gardées pour recueillir des renseignements qu’il transmet ensuite aux alliés. Courage, idéal, fermeté, esprit de sacrifice poussé à l’extrême : telles furent les vertus de Roger qui le conduisirent à donner sa vie le 14 juillet 1944 Saucats.
André Taillefer (Rouquin) – Mort au combat –
Né le 5 août 1923 à Bordeaux, André y fréquente plusieurs écoles communales. Studieux et appliqué il obtient une bourse mais sa mère qui l’élève seule, renonce cependant à l’envoyer au lycée. Déçu il se résout à rentrer à l’École supérieure de la rue du Commandant Arnould. En 1942, les premières déportations d’ouvriers lui font craindre la perspective de devoir se plier au STO. il s’emploie alors dans différentes maisons de commerce de Bordeaux pour se « camoufler ». Mais malgré ces précautions il est requis par l’organisation Todt d’aller travailler pour elle sur un chantier. Il ne tient dès lors plus en place et veut rejoindre coûte que coûte le maquis. Les évènements vont précipiter sa décision. Des jeunes gens qui sont avec lui sont « ramassés » par les allemands et doivent partir travailler en Allemagne. Il veut prendre le maquis malgré la réticence de sa mère et, lorsqu’il reçoit la visite de son ami Christian Huault qui a déjà rejoint Saucats, sa décision est prise. Le 6 juillet 1944, ils partent ensemble. André, par délicatesse, a laissé une lettre à sa mère qu’elle trouvera au matin. Elle comprendra quelle importance avait pour son fils ce simple mot dont il avait fait sa devise : Servir !
Blessé mais ayant réussi à sortir de la ferme, il sera abattu sur place aux côtés de Huault et de Rouin qui pansait ses blessures.
Les survivants du maquis de la ferme de Richemont
Philippe Béguerie (Philippe)
Né le 2 décembre 1925 à Bordeaux, Philippe s‘implique très tôt dans la création du maquis de Richemont. Vieux camarade de Dany qui œuvrait déjà avec son frère depuis longtemps, Philippe s’est empressé de leur demander de se joindre à eux. Ils voulaient former un groupe de ville, louer une chambre pour y stocker leur armement et se tenir prêts à toute opération. On retrouve le nom de Philippe dans toutes les actions qui ont procédé à l’installation dans la ferme de Richemont. Son dévouement, sa discrétion et sa volonté d’agir ressortent partout. Lors de l’attaque ce 14 juillet, il était déjà levé, de garde depuis 4 h et remplacé par Miliani pour qu’il puisse préparer le petit déjeuner. A 8 h, il lui sembla entendre des bruits suspects et Driss, averti, partit en reconnaissance. Dès lors, la fusillade ne cessa qu’au bout de trois heures.
Philippe, à court de munitions et ne pouvant rejoindre les autres, prit le parti de s’enfuir selon un schéma prévu à l’avance. Après des jours d’errance et de planque, il réussira, avec l’aide de sympathisants et de ses amis, à rejoindre le maquis de l’Armagnac. il participera ensuite à la libération de Toulouse. Après la guerre, Philippe devient prêtre chez les Spiritains qu’il quittera pour rejoindre le diocèse de Paris puis après un détachement au Cameroun deviendra curé de Saint Séverin-Saint Nicolas. Il a tenu à figer ses souvenirs dans un récit complet de l’aventure du maquis de la Ferme de Richemont qui recueilli en même temps que les témoignages des familles, a donné naissance à un petit opuscule intitulé simplement : Le combat de Saucats.
Philippe Béguerie s’est éteint le 3 mai 2017 à Paris dans la discrétion qui a toujours été la sienne mais sans avoir jamais oublié de rendre fréquemment hommage à ses camarades tombés au champ d’honneur le 14 juillet 1944 lors des cérémonies commémoratives.
Pierre BOURDON (Bâton)
On sait peu de choses concernant Pierre Bourdon si ce n’est qu’il habitait rue Notre Dame à Bordeaux et que ses connaissances en matière d’armement étaient précieuses pour l’instruction du groupe. Ce jour là, il était parti en tournée de reconnaissance du côté de Langon en compagnie de AbdaAllah. Il n’a plus donné de nouvelles de lui ; sans doute conscient des risques qu’il faisait courir à sa famille s’est-il fondu dans la clandestinité au soir du 14 juillet. Aucune photographie disponible.
Henri Chanrion (Toto)
Peu de renseignements et aucune image ne sont disponibles pour Henri. Originaire de Caudéran, pour échapper au STO, il s’était engagé au chantier Dupuy à Douence et installé dans une cabane habitée par deux autres sympathiques charbonniers, le père et le fils. Tout de suite, il s’intégra au groupe et, très habile, rendit de grands services. Il participa par la suite avec entrain à toutes les activités du groupe. Le 14 juillet il était en liaison à Bordeaux et n’a plus donné de nouvelles ensuite. Aucune photographie disponible.
Jean Dietlin (Eric)
Né le 13 juillet 1923 à Conakry, son père étant alors chef de cabinet du gouverneur, Jean, séparé de ses parents suit sa scolarité à St- Genès puis au Lycée Montaigne. En 1936 son père décède des suites de maladies tropicales et sa mère le rejoint à Bordeaux. Bachelier en 1939, il intègre alors la Corniche d’Amade pour préparer St-Cyr tout en se tenant au courant des activités de la résistance et en écoutant radio Londres. En 1943 , il passe dans la clandestinité sous le pseudonyme d’Eric et, en tant que chef de groupe du Service de Renseignement interallié, va fournir de nombreux renseignements sur la base aérienne de Mérignac, la base sous-marine et la poudrerie de St Médard. Avec son frère Daniel, il va être à l’origine de la création du maquis de Richemont. Il prend contact avec François Mossé et recrute parmi ses camarades de corniche et ceux de son frère . Philippe, Bâton, Lulu et Gâteux seront parmi les premiers.
Le jour du combat, il fêtait son anniversaire avec sa mère et a donc échappé au désastre mais il va continuer la lutte. Il quitte Bordeaux en tant qu’aspirant des FFI, puis sous-lieutenant et participe aux opérations de guérilla dans le Blayais, en Charente et finalement à la pointe de Grave. Titulaire de la croix de guerre, il rejoint ensuite l’école de St Cyr (Promotion Rome et Strasbourg) repliée à Cherchell et poursuit une carrière militaire qui s’achèvera en 1952 des suites d’une maladie contractée en service.
Au courage et au patriotisme ardent dont il avait déjà donné des preuves, il alliait des qualités d’intelligence , de jugement et de méthode qui sont l’essence des chefs.
André Hostein(s) (Dédé)
Celui par qui le malheur va arriver est né le 20 février 1926 à Bordeaux. Fils d’un cafetier, apprenti boulanger avant de rejoindre le maquis de Richemont, c’est par un peu trop de bavardage et de vantardise qu’il va être repéré par un dénommé Sigriste et dénoncé à la milice française.
Sous la torture, il va avouer appartenir à un groupe de résistants et être tenu de conduire les miliciens jusqu’à leur lieu de stationnement à Saucats. Après avoir assisté, la mort dans l’âme, à l’anéantissement de tous ses camarades, il est incarcéré au fort du Hâ puis déporté le 9 août à Dachau et ensuite à Mauthausen.
Il sera libéré le 5 mai 1945 dans un état pitoyable et rentrera à Bordeaux où il sera jugé pour trahison. Il sera condamné à 5 ans de travaux forcés et à l’indignité nationale à vie. D’une santé désormais fragile compte-tenu des épreuves qu’il a enduré, il s’est éteint à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux le 3 novembre 1973. Aucune photographie disponible.
Pierre Ricou (Gâteux)
Pierre naît le 7 novembre 1924 à Talence. La guerre le trouve élève au lycée Montaigne où, après avoir passé son baccalauréat, il prépare le concours d’entrée à l’École nationale de la France d’outre-mer. Soucieux de servir son pays et de participer à sa libération, il s’engage naturellement dans la résistance aux côtés de ses camarades, Dany, Lulu et les autres étudiants. Lorsque la ferme fut attaquée ce 14 juillet, Pierre avait été désigné par le lieutenant pour une mission de ravitaillement, tant la nourriture manquait. Dans la nuit, avec toute la discrétion voulue, Gâteux revient à la ferme lourdement chargé. Du pain, des légumes, et un énorme lapin. Il se réjouit du bonheur qu’il va apporter à ses amis avec cette abondance. Sa joie sera de courte durée et l’étonnement se transforme en angoisse car personne ne répond à ses appels. Peu après, il découvre la ferme éventrée et les corps de ses camarades. Il va les veiller jusqu’à l’aube quand les habitants de Saucats viendront donner une sépulture décente à ses camarades. La mort n’a pas voulu de lui cette fois-là. Il s’est alors fondu dans la clandestinité et a continué de servir au sein des FFI dans le Lot et Garonne jusqu’à la libération. Il intègre à l’issue de la guerre l’École de la France d’outre-mer et va servir pendant plus de quinze ans comme administrateur civil au Gabon avant de choisir le corps préfectoral en 1962 jusqu’à sa retraite en 1989. Officier de l’Ordre national du mérite, chevalier de l’Étoile noire et de l’Ordre de Malte, Pierre s’est éteint le 30 novembre 2020, non sans être venu au Mémorial de Richemont à de nombreuses reprises, rendre hommage à ses camarades le jour anniversaire de leur mort.
…X… (Ernest)
Malgré les recherches , seul subsiste ce pseudonyme et l’information qui nous dit que le 13 après-midi , il avait quitté le cantonnement pour aller chercher une voiture de l’organisation Todt du côté de Soulac. Aucune photographie disponible.
Driss Ben Milou
Sergent d’une unité de tirailleurs marocains, évadé d’un camp de prisonniers vers Martignas. Aux
premiers bruits suspects, il empoigna sa Sten et partit dans la direction du petit bois au nord-ouest d’où venaient ces bruits mais il n’avait pas fait
cinquante mètres que les armes crépitaient de partout. Personne ne sait ce qu’il est advenu de lui.
Aucune photographie disponible.
Abdah-Allah
Abdah-Allah avait rejoint le groupe du maquis de Richemont en compagnie de Driss. Ils avaient appris leur présence et se proposaient d’augmenter la petite troupe. Ils furent acceptés promirent d’amener d’autres nord-africains quand on le leur demanderait. Le jour de l’attaque, il était parti avec Bâton en tournée du coté de Langon. Nul ne l’a jamais revu. Aucune photographie disponible
Milliani Ben Mekki
Amené au maquis vers le 25 juin 1944 par Driss ben Millou. N’ayant pas d’arme pour se défendre, il réussit à sortir de la ferme par la fenêtre de la
cuisine puis à s’enfuir en s’abritant près du puits et
en gagnant le chemin allant de la ferme à la route Saucats – Saint-Magne.
Cependant, son nom figure étrangement sur une minute du greffe du tribunal d’instance de Bordeaux recensant les décès survenus à Saucats. Aucune photographie disponible.