La justice en action

Crédit photo : Matthieu Lecouvey – Initial Ingénierie

Les coupables et les procès

Dès octobre 1944, la justice civile et la justice militaire se sont mises en route. De nombreux procès ont été intentés, l’épuration commençait. En Gironde l’épuration judiciaire s’est mise en place rapidement coupant l’herbe sous les pieds d’une répression extra judiciaire qui s’exerça cependant (femmes tondues, charnier de Reignac …). Cette épuration laisse la population insatisfaite tant elle souffre encore des privations dont elle rend les collaborateurs responsables, à tort ou à raison. Quant aux résistants ils aspirent à des peines plus importantes au regard des sacrifices consentis par leurs camarades morts fusillés, en déportation ou de sévices. Mais voilà la justice est la garante du droit et en cela elle ne peut pas être aussi barbare que ceux qu’elle juge au risque de retomber dans les errements de la loi du Talion : œil pour œil, dent pour dent.

Aujourd’hui, on peut identifier, parmi les acteurs qui ont participé à la répression de la Ferme de Richemont :

                          – 10 acteurs français dont 5 ont été condamnés à mort et fusillés, et 5 autres condamnés à des peines de travaux forcés allant de 20 ans à 5 ans, tous frappés d’indignité nationale à vie, et qui furent pour beaucoup libérés avant la fin de leurs peines.

 

                        –  6 soldats allemands, ceux qui furent jugés au procès de Bordeaux (1953-1954) furent condamnés à des peines qui n’excédaient pas la durée de la prison préventive déjà effectuée et furent donc immédiatement relâchés à la fin du procès. Le chef de l’expédition, le lieutenant SS Kunesch s’étant suicidé vers avril 1945, et ayant été déclaré mort le 8 mai 1945 ne put être jugé.

Photo extraite des registres d’état civil autrichien indiquant la date du décès de Kunesch
Document représentant un détail de l’acte de naissance où est apposé le tampon d’enregistrement du décès (Etat civil autrichien)

Toutes les peines administrées ne l’ont pas été uniquement du fait de la participation au combat de la ferme de Richemont, en particulier pour les soldats allemands. En effet un seul d’entre eux voit figurer ce motif à son acte d’accusation bien que n’y ayant pas participé directement !

Notre association effectue toujours des recherches pour découvrir d’autres acteurs de ce combat.

Qu'est devenu Hostein André ?

Après avoir conduit les policiers et miliciens français accompagnés des soldats allemands sur les lieux, il assiste, menotté, au drame de l’anéantissement du maquis et à la mort de ses douze camarades quittés quelques jours auparavant.

Après une courte incarcération au fort du Hâ, il emprunte le dernier train qui le conduit en camp de concentration de Dachau puis Mathausen d’où il est libéré le 5 ou 6 mai 1945.

Lors de son rapatriement le 02.06.1945, il ne pèse que 35 kg, son corps est couvert de cicatrices dues aux coups reçus en captivité.

Jugé par la cour de justice de Bordeaux, il écope d’une peine de 5 ans de travaux forcés et de l’Indignité Nationale à vie, il bénéficie cependant des circonstances atténuantes accordées à l’unanimité du jury.

Il meurt à 47 ans. On peut penser que les mauvais traitements subis en déportation et la part de sa responsabilité dans la mort de ses camarades ont contribué à abréger sa vie.

Les ombres au tableau

          La dénonciation dont a été victime Hostein reste encore à préciser par la recherche du dossier d’instruction de son dénonciateur particulièrement zélé : Sigriste Edouard.  L’interrogatoire qu’il a subi n’a sûrement pas été fait en « douceur » connaissant les méthodes employées par les miliciens lors d’autres affaires instruites. Qui peut garantir rester insensible à la torture ? Aucun témoignage ne vient pourtant accréditer les brutalités qu’il aurait subies.

Photo des conclusions du rapport d’enquête mené su Hostein André
Conclusion du rapport de l’inspecteur de la Sureté Nationale J.H. Laharie, chargé d’évaluer les responsabilités d’André Hostein. (Document AD 33)

    La part de responsabilité d’André Hostein : en étudiant son dossier et ceux d’autres acteurs, on peut raisonnablement penser que ce rassemblement de jeunes maquisards à Saucats était déjà connu, mais sans trop de certitudes quant à son implantation.

Description de la peine d'Indignité Nationale

  •          exclusion du droit de vote, 
  • inéligibilité,
  • exclusion des fonctions publiques ou semi-publiques,
  • perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations,
  • exclusion des fonctions de direction dans les entreprises, les banques, la presse et la radio, de toutes fonctions dans des syndicats et organisations professionnelles, des professions juridiques, de l’enseignement, du journalisme, de l’Institut de France,
  • interdiction de garder ou porter des armes.
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